En vedette : La Dre Trina Stewart
« Je ne sais pas si j’ai déjà voulu être autre chose qu’un médecin, raconte la Dre Trina Stewart, médecin de famille de Summerside. J’ai grandi à Perth-Andover, au Nouveau-Brunswick. En 11e année, j’ai envoyé des lettres aux facultés de médecine de tout le Canada et des États-Unis. J’en ai même envoyé une à Columbia, mon doux! », ajoute-t-elle en riant.
« Ça peut sembler cliché, mais je voulais servir les autres. »
– Dre Trina Stewart
La Dre Stewart planifiait le parcours qui la mènerait à un grade en médecine. Pour ses études de premier cycle, elle a étudié la biologie et l’histologie à l’Université Acadia. Elle a présenté une demande d’admission à l’école de médecine de l’Université Memorial à sa quatrième année d’études.
« Je me suis retrouvée sur la liste d’attente, se souvient-elle. Je suis retournée une cinquième année à Acadia. C’était honnêtement la première fois que j’envisageais avoir besoin d’un plan B. »
La Dre Stewart avait fait ses boîtes et était prête à déménager à Montréal pour étudier en nutrition maternelle et infantile lorsqu’elle a reçu l’appel de l’école de médecine de l’Université Memorial. Elle était acceptée.
« Je suis restée debout toute la nuit, à réfléchir, dit-elle. J’avais travaillé toute ma vie pour ça. Si je n’y allais pas, j’allais le regretter. Mais en même temps, j’avais fait d’autres plans! J’avais des engagements. »
La Dre Stewart a dit oui à l’Université Memorial, et le reste est passé à l’histoire. Elle avait tout juste deux semaines pour faire un virage à 180°.
« C’est drôle, étant une femme “venue d’ailleurs” à Terre-Neuve, je me souviens d’avoir passé mon temps à me plaindre du froid et du brouillard, explique la Dre Stewart. Avec le recul? C’est la plus belle expérience de ma vie, et le petit groupe de personnes qui l’ont vécue avec moi exercent aujourd’hui la médecine dans tout le Canada et ailleurs dans le monde, et changent des vies au quotidien. »
La Dre Stewart a déménagé à Summerside pour y exercer en médecine familiale en 2002.
« J’exerce ici depuis plus de 20 ans, mentionne-t-elle. C’est suffisamment de temps pour vraiment connaître les nuances au sein d’une famille. J’en connais plus sur vous parce que j’ai traité votre père, votre cousin et votre fille. Les bébés que j’ai traités en commençant ont maintenant leurs propres bébés! Il s’agit d’un rôle vraiment spécial, et je porte en moi un peu de chaque personne que j’ai traitée. Toujours. »
Selon la Dre Stewart, la médecine familiale lui donne une liberté qu’elle a toujours appréciée. En 2009, elle est devenue coordonnatrice du curriculum pour le campus de l’Île-du-Prince-Édouard du programme de résidence en médecine familiale de l’école de médecine de l’Université Dalhousie. Elle a été présidente de la Medical Society of Prince Edward Island. Elle est membre du personnel de l’hôpital du comté de Prince. Elle a récemment accepté un nouveau rôle : conseillère médicale pour le renouvellement des soins primaires, qui consiste à entièrement repenser la prestation des soins primaires à l’Île-du-Prince-Édouard.
La Dre Stewart croit que les deux dernières années de pandémie ont exposé de grandes fissures dans le système de santé :
« Ces fissures étaient là, mais la pression exercée par la COVID-19 les a rendues plus apparentes, précise-t-elle. Un gros enjeu : les médecins tombent en épuisement à des niveaux record. Comment pouvons-nous bien prendre soin de nos patientes et patients si nous sommes incapables de bien prendre soin de nous-mêmes? C’est pour cette raison que je suis si enthousiaste par rapport à la nouvelle approche d’équipe concertée de la médecine, qui permettra aux médecins de recevoir un meilleur soutien et, par conséquent, améliorera l’accès et les soins pour nos patientes et patients. »
La Dre Stewart voit de belles occasions dans le travail avec les professionnels des soins de santé connexes.
« Ces personnes reçoivent une formation pour faire bien plus que ce qu’elles font actuellement, déclare-t-elle. L’approche concertée favorise la réalisation du plein potentiel de tout le monde, ce qui permet à toutes et tous de souffler un peu. Nous pouvons travailler plus intelligemment, plutôt que plus dur, et au bout du compte, ça mènera à des soins améliorés et en temps plus opportun. »
Avec le recul, toutefois, sa plus grande fierté professionnelle n’est pas liée à son exercice en soi :
« J’ai élevé deux enfants formidables, souligne-t-elle. Mon fils, Dexter, a 21 ans et participe actuellement à un programme d’échange universitaire, où il étudie un semestre à Édinbourg. Ma fille, Lindsay, termine ses études secondaires cette année et ira étudier la biologie marine et des eaux douces à l’Université de Guelph cet automne. Je suis tellement fière d’eux. Le meilleur travail que j’aie accompli, c’est certain. »