« Il y a un meilleur moyen d’offrir les soins de santé. Il faut travailler ensemble. »
Le modèle des centres de médecine de famille fonctionne au Centre médical de Kinlock.
Il y a quatre ans, un groupe de médecins de la région de Charlottetown se sont réunis.
« Nous n’avions pas de nom pour ce dont nous parlions, mais nous savions toutes et tous que le système actuel ne fonctionne pas, raconte la Dre Megan Armstrong, médecin de famille présente à la réunion. Il ne fonctionne pas pour nous. Il ne fonctionne certainement pas pour les patientes et patients. Nous avons convenu qu’il y a un meilleur moyen d’offrir les soins de santé. Il faut travailler ensemble.»
Les idées abordées pendant cette réunion allaient éventuellement mener à la création du Centre médical de Kinlock, à Stratford. Cinq médecins de famille y offrent des soins, appuyés par un personnel de plus en plus nombreux en soins infirmiers et en soins paramédicaux ainsi qu’en administration.
« Nous voulions que les patientes et patients bénéficient du meilleur accès qui soit aux soins offerts par le Centre, même si ça ne signifie pas toujours avoir accès à nous, les médecins. Plus de six mois ont passé avant que nous nous rendions compte que le Collège des médecins de famille du Canada avait un nom pour ce que nous mettions en place : un “centre de médecine de famille”, soit le même modèle que Santé Î.-P.-É. était en train de déployer dans toute la province. »
– Dre Megan Armstrong
Steve Lawlor est physiothérapeute depuis plus de 15 ans; il s’est joint à l’équipe du Centre médical de Kinlock en janvier :
« C’est un endroit incroyablement stimulant où travailler, affirme-t-il. Les médecins de famille ici sont prêts à faire les choses différemment. Il n’existait pas de marche à suivre pour le faire, ce qui était une bonne chose, finalement, car ça empêche de mettre les gens dans des petites cases. »
Pour les patientes et patients, la différence se voit dès l’appel pour prendre rendez-vous.
« Disons que quelqu’un appelle parce qu’il a mal à l’épaule, ajoute M. Lawlor. La personne à la réception peut répondre : “La Dre Armstrong peut vous voir à la prochaine plage horaire disponible, dans quelques semaines, ou vous pouvez voir notre physiothérapeute demain.” »
« Et plus souvent qu’autrement, la personne est plus qu’heureuse de venir me voir », rit-il.
« C’est ça, l’histoire, réplique la Dre Armstrong. Si vous vous foulez la cheville, vous voulez voir Steve. Il a les connaissances nécessaires pour prendre soin de vous. Mieux que moi. Si voir Steve est ce qu’il y a de mieux pour la personne, c’est ce que j’aurais recommandé de toute façon. La personne gagne du temps, mais moi aussi, et je peux voir d’autres patientes et patients plus vite. »
Pour M. Lawlor, le système des centres de médecine de famille fonctionne bien. Avoir accès à un médecin simplement en travaillant dans le même bâtiment fait une énorme différence :
« Les gens disent : “Qu’est-ce qui se passe si vous voyez quelqu’un et que son problème nécessite de voir un médecin de famille?” Ça m’arrivait tout le temps. Mais maintenant, le médecin de famille est mon collègue. Je le croise dans le corridor. Nous pouvons nous consulter, et je peux envoyer la personne le voir pour qu’elle obtienne les soins appropriés. »
Le Centre médical de Kinlock évolue encore. On augmente et élargit les services offerts de sorte à en concrétiser la vision initiale.
« La première étape était que le personnel travaille pour le centre, plutôt que pour chaque médecin, précise la Dre Armstrong. Ensuite, il fallait passer à un système de dossiers médicaux électroniques, ce qui représentait un gros changement. Nous avons cinq médecins et du personnel en soins infirmiers primaires et en physiothérapie, entre autres grâce à des étudiantes et étudiants à la maîtrise à l’université. Nous sommes maintenant prêts pour une plus grosse équipe de soins paramédicaux, pour couvrir tout, de la diététique aux soins de la vue, et bien plus encore. »
Selon la Dre Armstrong, le modèle de centre de médecine de famille constitue une véritable occasion de permettre à des professionnels paramédicaux, comme M. Lawlor, de travailler en fonction de leur plein champ d’exercice :
« À l’Île-du-Prince-Édouard, le médecin de famille est le point d’entrée d’un système de services, et ce n’est pas nécessaire, poursuit-elle. C’est un obstacle aux soins. Si on a besoin de voir son médecin de famille pour être aiguillé vers une infirmière ou un infirmier pour des soins qui relèvent de son champ d’exercice, c’est un problème. Ça prend du temps au médecin, et ça nuit à l’accès d’autres personnes à ce médecin. »
La Dre Armstrong mentionne qu’elle fait bien attention de rappeler que personne ne perd son médecin de famille dans ce modèle :
« Chaque médecin conserve sa propre liste de patientes et patients; donc, tout le monde reste rattaché à son propre médecin de famille, ajoute-t-elle. Si on vous admet à l’hôpital, votre médecin de famille sera encore la personne rattachée à votre dossier. Mais maintenant, quand vous appelez à mon bureau, si quelqu’un ici peut vous fournir des soins qui conviennent mieux à votre problème, nous pouvons vous suggérer de le voir. »
La Dre Armstrong est persuadée que les autres médecins observent l’évolution du Centre médical de Kinlock :
« Je crois que la plupart des médecins le souhaitent, mais il faut tellement de temps, d’efforts et de planification pour changer sa façon d’exercer. La plupart des médecins sont tellement débordés juste à essayer d’effectuer toutes les tâches fondamentales liées à l’exercice qu’elles et ils n’ont pas le temps pour des réunions hebdomadaires de trois heures afin de réinventer la roue. Ce n’est pas un manque d’intérêt. Mais si ces centres étaient déjà en place et qu’il suffisait d’y aménager? Vous pouvez être certains qu’elles et ils le feraient. »
M. Lawlor est enthousiaste par rapport aux prochaines étapes : « Ça fonctionne pour moi, et je crois que ça fonctionne pour les patientes et patients aussi, commente-t-il. Je soutiens les médecins de famille et je les aide à gérer leurs patientes et patients. L’idée que tout le monde a un médecin de famille est bien ancrée. Cet enjeu à l’Île-du-Prince-Édouard n’est pas unique. C’est un enjeu national. Les endroits comme le Centre médical de Kinlock réussissent parce que nous gérons les patientes et patients d’une manière emballante et qui fonctionne pour tout le monde. »